Il faut maintenant se poser la
question, pourquoi la faculté de comparaison serait elle le
"penchant au mal", et s'il en est ainsi quelle est la
nature du "bon penchant".
Il faut tout d'abord préciser
que dans la tradition juive, le bien et le mal ne sont pas des
notions morales, mais des
mesures de la proximité où à l'éloignement par rapport au divin
considéré comme le seul bien absolu1.
Le mot yétser à la même
étymologie que le mot tsourah signifiant forme ou image, il peut
donc être rendu littéralement par le terme représentation. Le
yétser tov serait donc la "bonne représentation2"
du monde celle qui confère aux choses leur sens véritable, afin que
nous puissions les utiliser à bon escient pour nous rapprocher du
bien c'est-à-dire de Dieu3.
Le yétser harah n'est toutefois pas une "mauvaise
représentation" mais une "représentation du mal".
Nous pouvons comprendre cette
nuance en réfléchissant à la fonction de la faculté de
comparaison chez l'animal et chez l'homme, à savoir la survie
biologique et chez les primates en particulier la survie sociale. La
faculté de comparaison nous sert à nous représenter la réalité
qui nous entoure, afin d'agir de la manière la plus adéquate pour
survivre, mais pour ce faire ne prend en compte que l'extériorité
du monde, pas son intériorité, son sens, sa signification
authentique, or une représentation du monde limitée à son
extériorité ne peut nous rapprocher de Dieu, mais bien au contraire
nous en éloigner, la faculté de comparaison qui la produit peut
donc à juste titre être qualifiée de "représentation du
mal", pas qu'elle soit essentiellement mauvaise, elle s'avère
même nécessaire pour la survie physique, mais parce qu'elle est
limitée à la seule extériorité du monde qui nous cache le divin.
(à suivre)
1Dere'kh
Hachem première partie, chapitre deux, paragraphe un.
2 Le
yétser étant ce qui donne forme (tsourah) aux choses dans notre
esprit.
3Cf
Likoutei Moharane première partie, leçon un.